le corps est plein
Il se remplit comme une outre.
Plein d'expériences. Le corps est l'interface. Il se reflète. Image. Je compose cette image de mes doigts. Comme un aveugle.
Pâte à pétrir, on ne le change jamais. Il est, posé parfois, pourvoyeur de sensations. Je regarde. L'image se dédouble. Le corps comme dans un miroir, particules à l'infini. Je veux dire : je suis un corps donc un miroir. Tout corps mis en face de moi me reflète. Je le reflète. Mon reflet le reflète, je me reflète en son reflet. Les corps se répondent, l'un est dans l'autre, l'image comme un ping-pong dégressif, une suite de poupées russes. L'infini, c'est si simple, il suffit de poser face à face deux objets lisses qui renvoient la lumière qu'ils reçoivent. Pas d'absortion, un simple retour à l'envoyeur. Retour, retour, aller, aller. Zou...
Face à face. Et pourtant, le face à face est si difficile. Les images semblent être des aimants, elles se repoussent, s'interdisent de duplication. Aimants.
Mon corps est plein. Je ne sais pas de quoi. Il le faut, il est rembourré. Je ne suis pas que plat. On me mange, on ne me digère pas. Trop plein.
Remplir, vider. La litanie. Les aller et le retour. Te ahaner jusqu'à l'apparition fugace du tunnel des images, la tienne, la mienne, entremêlées, qui se répondent.
Ah je ris. Tu es si belle en mon miroir.
Je me vide, en toi. Je t'emplis. T'en plie. T'en pris, temps pris. Le petit grain de temps est là, dans cette réflexion à l'infini d'un corps dans un autre. Surface polies. Polissons nous...